Voilà un mois et demi que la coque de No Soucy prend le frais dans les eaux australiennes. Nous avons commencé par longer la plus grande île de sable du monde, Fraser Island. Elle fut le lieu de notre rencontre avec deux baleines qui se sont allègrement baladées autour du bateau mais aussi sous la coque, alors que nous avons mouillé dans seulement 5 mètres d'eau. Nous étions à la fois fascinés et soucieux car il s'agissait tout de même de deux mammifères de 10 mètres faisant plusieurs tonnes. Si l'une d'entre elle avait voulu donner un coup de queue dans le safran comme on tape dans un ballon, on ne leur aurait peut-être pas consacré une vidéo ... Mais restons sur notre fascination. Nous avons parcouru la côte ouest de l'île, de Whatumba creek à South White Cliff, avant d'entrer dans le Sandy Strait. Nous avions entendu parler de ce détroit car certains capitaines ont vu leur bateau stoppé dans un banc de sable. Si la marée est descendante il faut attendre qu'elle remonte, ce qui peut prendre un peu de temps. Et si le vent et les vagues s'en mêlent, le bateau peut être endommagé. Il faut donc rester vigilant sur les mouvements de la marée et ce sur tout le parcours. Martin a été un capitaine très vigilant, nous avons circulé dans ce détroit facilement. Quelques mouillages ont été marquants :

  • dans la Maryborough river, où nous étions à 15 minutes en annexe de la marina, où les maisons sont immenses et donnant presque toutes sur un ponton privatif et où nous avons affronté le froid avec une température de 4 degrés la nuit et 8 au réveil
  • A Gary's anchorage qui se définit comme un lieu de totale quiétude et où nous avons eu un des plus beau coucher de soleil depuis notre arrivée
  • Inskip Point, où nous avons vu un escadron de pélicans dont la synchronisation en vol pourrait faire pâlir les pilotes du 14 juillet

Puis nous sommes sortis de ce détroit pour rejoindre Moreton Bay du côté de Brisbane. Notre plan initial était de commencer par Moreton Island puis de descendre à Russell Island pour retrouver les parents de Martin, passer éventuellement une semaine sur une bouée au centre-ville de Brisbane et enfin sortir des canaux entre le continent et Stradbroke Islands au niveau de la Gold Coast pour continuer notre route vers le sud.

Il en a été autrement.

A notre arrivée, le service de biosécurité australien nous a envoyé une charmante femme pour inspecter le bateau. Nous pensions avoir fait le nécessaire pour éviter une sanction : pas de graines, plantes, nourriture entamée, poissons, viandes, miel ... Elle a tout de même récolté un échantillon de fragments provenant d'une activité apparentée à celle des termites en pleine construction de galeries. Elle nous rassure en disant qu'elle envoie ce tube en laboratoire, si nous n'avons pas de mail de sa part tout va bien, sinon ça peut se gâter. 5 jours plus tard, nous recevons un mail nous disant que nous allons devoir accepter une seconde inspection plus approfondie. En effet, les fragments récoltés proviennent bien de termites et comme nous cumulons des critères voués à ne pas les rassurer - le bateau a près de 40 ans et il a navigué toute sa vie en Nlle-Calédonie, région à hauts risques concernant les termites - ils viendront à deux officiers et ils inspecteront entièrement le bateau. S'ensuive trois semaines d'allers retours par mails car ils veulent suivre nos déplacements et savoir dans quelle marina nous pouvons nous arrêter pour réaliser l'inspection. Finalement, nous leur donnons rendez-vous à la East Coast Bay Marina à Manly, au sud-est de Brisbane. La visite durera 1h15 et à 50 $ le quart d'heure par officier, la note est salée. Ils arrivent à la même conclusion que lors de la première inspection mais ne statuent pas sur le fait qu'il y a des termites encore vivantes ou bien s'il ne s'agit que de résidus d'une planche que nous avons remplacée il y a deux ans dans la penderie et que nous avons finalement sorti du bateau. Etape suivante : faire venir un chien détecteur de termites vivantes, termite detector dog ou sniffer dog en anglais. Nous qui pensions qu'il serait rapide et aisé de trouver un fier toutou pour faire ce job, nous avons été surpris ! Le chien est finalement arrivé à bord trois semaines après la dernière inspection, le technicien est resté 2 heures et le chien a "sniffé" l'intérieur pendant 15 minutes. Si on ne compte que l'intervention du chien on pourrait dire qu'il est payé 1200 $ le quart d'heure, mais on va tout de même prendre en compte les deux heures et le quart d'heure revient alors à 150 $ ... Faut-il en déduire qu'il vaut mieux travailler dans le secteur d'anéantissement des nuisibles que dans un service gouvernemental ? Il semblerait que le chien n'a pas détecté de termites vivantes mais nous attendons tout de même avec impatience le retour de la biosécurité.

Pendant ces trois semaines d'attente, le service de biosécurité a accepté que nous quittions la marina tant que nous restions dans la zone de Brisbane. On a donc passé une semaine sur Russell Island avec les parents de Martin. Nous avons pu aller au centre de Brisbane une journée, nous avons pris le ferry interîles pour visiter Mcleay et Karragarra et nous avons même retrouvé Ken et Bron pour un weekend dans les terres à Nimbin. Nous sommes ensuite retournés a la marina de Manly pour le nouveau taud entre le capote et le bimini puis nous avons passés quelques jours à Moreton Island où nous avons retrouvé des paysages semblables à ceux de Fraser Island.

Maintenant, nous attendons le passage d'un "gusty thunderstorm" cette nuit bien au chaud et en sécurité à la marina avant de continuer notre route vers le sud.